ESAT et EA : les entreprises leur font confiance !

Entreprises ordinaires face à ESAT et EA : est-ce un match ou un partenariat ? Le 2ème Baromètre d'Humanis confronte les points de vue des 2 parties et ébranle bien des clichés ! Conclusion : le travail protégé et adapté, il faut oser !

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28 mars 2014. Un restaurant sympa, dans le 18ème arrondissement de Paris. Déco moderne et buffet à volonté. Tous les midis, l'endroit fait le plein et peu importe que le service soit fait par des travailleurs handicapés. Nous sommes au Café Championnet, un ESAT parisien qui fait la preuve que le handicap n'est pas un frein à la créativité, l'efficacité et la convivialité.

98 % d'entreprises satisfaites

C'est en ces lieux que le groupe de protection sociale Humanis a choisi de révéler les conclusions de son 2ème baromètre « Entreprises, Osez l'ESAT-EA ! », réalisé en partenariat avec Handiexperh. Dans cette enquête, l'IFOP s'est intéressée à la question de l'insertion et de l'emploi des personnes en situation de handicap. Un regard croisé des différents acteurs, d'un côté les entreprises ou établissements publics soumis à l'obligation d'embauche de travailleurs handicapés et de l'autre les ESAT (Etablissement d'aide et service par le travail) ou EA (Entreprise adaptée). Les chiffres se bousculent, les points de vue aussi mais de grandes conclusions émergent qui rendent Jean-Pierre Menanteau, directeur général du groupe Humanis, si ce n'est heureux au moins confiant : « Les résultats de ce baromètre sont spectaculaires. Essayer l'ESAT ou l'EA, c'est l'adopter puisque 98 % des entreprises qui y ont recours se disent satisfaites » tandis que 97 % des ESAT et EA adoptent la même « positive attitude ».

Un acteur incontournable

Une petite claque aux idées reçues ! Non l'ESAT n'est plus un vendeur de papier qui refourgue sa marchandise à prix prohibitifs. Le secteur adapté et protégé s'impose de plus en plus comme un partenaire incontournable, avec des offres de services de plus en plus diversifiées, dans des secteurs qui ne manquent ni de performance ni d'originalité ! Des entreprises pas tout à fait « ordinaires » mais qui pourraient bientôt le devenir... A condition, évidemment, de préserver le bien-être de leurs travailleurs, leur principale raison d'être.

Un management plus offensif !

Mais, pour cela, il faut avant tout se faire connaître. Parmi les nombreux enseignements de cette étude, il ressort que les ESAT et EA doivent progresser dans leur stratégie de développement puisque 70 % d'entre eux se « contentent » encore de répondre aux sollicitations ! Trop « passifs » ! La faute peut-être à ce qui pourrait ressembler à un petit complexe : seulement 65 % des ESAT et EA imaginent en effet que les entreprises ont une bonne image de leur secteur alors que ces dernières sont en réalité 90 % à le penser. ESAT et EA sont donc invités à mettre en oeuvre un management qui revendique haut et fort les atouts du secteur. Devenir des partenaires à part entière et pas seulement ceux qu'on sollicite parce qu'on n'a pas le choix !

Des travailleurs déterminés

Pour améliorer cette image de marque, Jean-Pierre Menanteau a décidé de mouiller la chemise ; en mai 2014, il s'aligne aux côtés de ses équipes sur un raid interentreprises, le Free handi'se Trophy. 650 km à travers la France en vélo adapté et canoë pour des binômes handi-valides ! Une façon originale de promouvoir la motivation et les compétences des travailleurs handicapés ! A ce sujet, une anecdote ensevelit certains préjugés : « Lors d'une tempête de neige, une grande surface se lamente que la plupart des employés qui se rendent au travail en voiture soient absents à cause des mauvaises conditions météos. Et pourtant l'un d'entre eux est là tous les matins, fidèle au poste ; il est travailleur handicapé (mental) et vient en transport en commun ! ».

Actions citoyennes ou contraintes légales ?

Des différences de perception se manifestent assez régulièrement au fil de cette enquête. Et pas davantage de consensus sur les raisons qui poussent les entreprises à sous-traiter. 72 % des ESAT et EA estiment que leurs clients voient cette collaboration comme une obligation légale alors que seulement une entreprise sur deux (tout de même !) prétend l'envisager de cette façon. Elles sont même 64 % à déclarer qu'elles font appel à ce secteur par action citoyenne. En face, on reste septique car ESAT et EA ne doutent pas que cette sous-traitance est indéniablement motivée par la volonté de réduire la contribution financière à l'Agefiph ou au Fiphfp !

4.5 % de travailleurs handicapés en moyenne

Parmi les grands enseignements de la deuxième édition de ce baromètre, on note que près d'une entreprise sur deux (parmi celles soumises à l'obligation d'emploi) fait actuellement appel aux ESAT et EA pour de la sous-traitance de prestations ou de la mise à disposition de personnel. Si d'importants progrès ont été réalisés avec une moyenne déclarée de 4,5% de travailleurs handicapés dans les entreprises et établissements publics de plus de 20 salariés, il reste des efforts à fournir pour atteindre le taux de 6% fixé par la loi. La sous-traitance au secteur adapté et protégé est un moyen pour y parvenir.

Coûts et délais : peut mieux faire !

Il y a néanmoins deux domaines où le bât continue de blesser. Ce sont d'abord les coûts que les entreprises clientes jugent en général supérieurs au marché même si un directeur d'ESAT et EA affirme que « nous sommes de plus en plus positionnés à égalité avec le milieu ordinaire ». En second lieu, ce sont les délais qui sont incriminés puisque 26 % des entreprises jugent qu'ESAT et EA ne sont pas suffisamment réactifs. Un manque de flexibilité qui pourrait jouer en leur défaveur. Pourtant, la crise ne semble pas avoir affecté le montant annuel des contrats passés avec ce secteur.

Un atout « Made in France »

En conclusion, ce baromètre laisse à passer que les entreprises sont davantage mues par leur responsabilité sociale. Le fameux effet RSE qui promeut, faut-il l'espérer même dans un contexte économique tendu, certaines valeurs ! Avec, pourquoi pas, un engagement légitime pour le « Made in France » ? A leurs côtés, ESAT et EA auront réussi leur pari lorsqu'ils seront devenus des « fournisseurs lambda ». Verdict dans le prochain baromètre ?

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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