Une Ecole de la 2e chance dans le 95 : handicap bienvenu !

Les Ecoles de la 2e chance : un visa pour entrer dans l'emploi et reprendre son destin en mains. Celle du Val d'Oise a mis en place un dispositif spécifique pour les jeunes en situation de handicap.

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Marion, Sarah, Karl, Soumana, Flavia… Ces jeunes cabossés par la vie se sont relevés d'un premier échec. Handicap social, mais pas que ! Ils ont saisi leur « deuxième chance », cette main tendue par une « autre » école, attentive et accueillante. C'est le credo du dispositif national des « Écoles de la 2e chance », qui vise l'intégration professionnelle et sociale durable d'un public fragilisé par la vie (jeunes de 18 à moins de 26 ans). Initié en 1995 par Edith Cresson, ce réseau composé de 110 sites est déployé dans toute la France.

Deux écoles, ensemble

Le 16 décembre 2016, ce sont les jeunes Valdoisiens qui sont à l'honneur à l'occasion de la remise des ACA (Attestations de compétences acquises). Présente lors de cette cérémonie, l'ancienne premier ministre déplore le « grave problème de ces jeunes qui sortent du système scolaire sans formation et diplôme alors qu'ils ont le courage de faire cet effort ». Pour cette soirée, la promo 2016 d'E2C95 est accueillie au sein de l'ESSEC. Ce partenariat entre les deux structures constitue plus qu'un symbole. Certains étudiants de cette prestigieuse école de commerce font leur stage au sein de l'Ecole de la 2e chance tandis que l'ESSEC promeut l'égalité des chances à travers le programme PHARES qui met en relation des étudiants tuteurs avec des collégiens et lycéens en situation de handicap. « Le courage peut tout vaincre, et nous devons montrer à ce pays qu'il peut nous faire confiance », assure un stagiaire, brandissant son attestation.

Un dispositif handicap

Cet antidote contre le fatalisme concerne pleinement les jeunes en situation de handicap. E2C 95 a en effet mis en place, en 2013, un dispositif innovant qui facilite à la fois leur parcours scolaire, l'aménagement éventuel du poste en entreprise (notamment des périodes d'essai allongées), l'adaptation du temps de présence au sein de l'école et les transports ou l'accès à un logement. Pour donner davantage d'ampleur et de cohérence à cet engagement, Moctar Jeledi a rejoint les rangs il y a trois mois, en tant que chargé de communication. Ce jeune homme à l'élégance légendaire, lui-même en situation de handicap, compte bien joindre les actes à la parole.

Handicap psychique à 60%

A l'origine, E2C 95 visait un « quota » de 5% de stagiaires en situation de handicap. Mais sa mobilisation, notamment via un partenariat avec Cap emploi, des Esat locaux et la fédération des Apajh, a permis de dépasser cet objectif pour atteindre 9% en 2016. « Même si ce dispositif concerne quelques stagiaires avec un handicap physique, nous accompagnons très majoritairement, à 60%, des jeunes avec un handicap psychique, qui n'ont souvent pas été repérés et à qui il faut désormais proposer un environnement accueillant et étayant », confie Jean-Christophe Poulet, directeur d'E2C 95, qui connait bien son sujet puisqu'il fut directeur d'ITEP, établissement spécialisé dans l'accueil de jeunes avec des troubles psychologiques. A partir de leurs témoignages, les équipes ont mis en place une formation dédiée pour aiguiller les formateurs.

Une démarche toute en finesse

Abdala Mrabet, en charge des publics spécifiques, vient en renfort pour animer des ateliers « handicap » qui offrent à ces jeunes des temps de parole sur leur retour d'expérience mais permettent également de mener des actions de sensibilisation auprès des autres stagiaires. « C'est un travail de fourmi autour de parcours très différents, confie cet ancien éducateur d'Esat. Il faut y aller toute en finesse pour convaincre certains de demander la RQTH (Reconnaissance qualité travailleur handicapé), en les rassurant sur les bénéfices que cela peut leur apporter. Nous privilégions l'inclusion en milieu ordinaire de manière pérenne. »

Un vaste vivier d'entreprises

Les élèves sont accompagnés par des formateurs et des animateurs bénévoles lors de parcours de 9 à 12 mois. Ils bénéficient du statut de stagiaire de la formation professionnelle et perçoivent à ce titre une rémunération. Le rythme de travail est de 35 heures par semaine. Leur taux de réussite dans les écoles de la 2e chance est de 71% qui leur permet de prétendre à un emploi ou une formation qualifiante. Le réseau s'appuie sur un vaste vivier d'entreprises partenaires, qui facilitent l'accès, le plus souvent, à des contrats en alternance, mais il peut également compter sur les pouvoirs publics qui mesurent les bénéfices d'un tel dispositif. « Même la Cour des comptes a reconnu qu'il était efficace », se félicite Bernard Badignon, président d'E2C 95.

Comment postuler ?

Dans le Val d'Oise, quatre sites accueillent les stagiaires. Toutes les demandes doivent être adressées au siège, à l'antenne de Sarcelles. Les candidatures peuvent être spontanées ou orientées par les missions locales, les agences locales pour l'emploi, les structures d'insertion. « Ici, on te donne ta chance si tu la veux. On te juge à ta motivation », explique un stagiaire qui vient d'achever sa formation d'électricien. Il a arrêté l'école pendant dix ans mais a réussi à obtenir son bac. Il l'affirme : « Il n'est jamais trop tard. »

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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